A boire des yeux
Josiane Poquet ne semble pas se délecter des hivers sans
feuilles. En bonne jardinière, pour les premiers pas du printemps, elle décline à satiété le vert illimité tout
en se tenant à distance de son territoire. Ici, à Planzolles et alentour. Conciliant ses songes et la réalité, elle
sait que si la nature était une fleur, ce serait une pensée. Sa peinture qui
relie les choses est intelligible à la vue sans être le moins du monde une
simple transcription de la nature. Josiane Poquet demeure étonnamment en
alerte ; elle est à l’écoute de toutes les communions de ce qui l’entoure.
Poreuse, elle capte les signaux et les restitue en les illuminant sur sa
palette. Ses gouaches effleurent le souffle de ses sentiers dans le bleuté du
matin et dans la nuit qui tombe. Elle n’a de cesse de chercher et de trouver l’effacement
en faisant en sorte qu’aucun lieu n’est laissé au vide. Son regard ne quitte
pas les champs où s’épuise la lumière avec une enveloppe légère de
l’horizon. Elle nous appelle à lever la
poussière pour faire reculer les murs du monde et respirer l’haleine des
palpitations subtiles, intérieures et invisibles, car comme l’écrit René
Char : « Du vide inguérissable surgit l’événement et son buvard
magique ». Sur le buvard magique de Josiane Poquet, des touches de peinture s’ébattent pour
communiquer comme en musique un sentiment de plénitude. Devant ses gouaches, à
l’image du poète, Fernando Pessoa : « Un vent très léger passe/
Et s’en va, toujours très léger/ Et je ne sais ce que je pense/ Et je ne
cherche pas à le savoir ». Rien ne sert de dévoiler l’éblouissement. Boire des yeux ce que peint Josiane Poquet vaut tous les discours.
Gilbert Auzias –Planzolles –Vendredi 7 Avril
2017-
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